Un amour de vampire

Dans notre repaire, j’observe Sarah qui a le nez plongé dans ses bouquins. Elle bougonne en butant sur un mot et respire en faisant un bruit rauque. Elle n’est pas facile Sarah et quand elle se met en colère, les objets fusent dans toute la pièce. Du coup, le boucan énerve Fabrice qui chope l’un d’entre nous pour le réduire en cendres.

Un petit jeu instauré depuis des siècles et dont nous sommes les spectateurs impuissants. Cet exemple ne sert à rien. Le résultat est toujours le même. Je suis obligée de recruter d’autres vampires.

C’est une vie sans fin.

J’avoue que je vends bien ma came. Pourtant , dans mon ancienne vie, je n’ai jamais eu la possibilité d’exercer mes talents innés pour le commerce. On m’a vampirisé très jeune. J’ai éternellement seize ans depuis deux siècles.

Soudain , ma copine Irina se tord de douleur sur le sol. La géhenne qui parcourt son corps semble affreuse. Puis elle se transforme en se volatilisant avec un drôle de sourire pâle. Elle est devenue une traqueuse.

Monnaie courante chez nous. Avec le temps, cela ne me gêne plus. Il est l’heure aussi pour moi de chasser. Je fais le vide dans mon esprit et décide de prendre de la hauteur. J’arpente les toits en reniflant l’odeur du sang humain . Délicieuses émanations qui enveloppent le coeur de la ville . 

Je dois choisir ma proie avant, hors de question de me jeter dans la foule comme une perdue assoiffée de sang même si c’est le cas. La discrétion n’est plus considérée comme une valeur , mais comme un mal nécessaire pour la pérennité de notre espèce. Je me laisse guider par le fil invisible, l’odeur enivrante dont je me suis amourachée.

Mon dévolu se porte sur une jeune femme sexy, dommage pour elle, j’ai les crocs.

Sans attendre davantage, je saute du toit et l’attrape par les cheveux. Je vérifie qu’il n’y a aucun chevalier servant dans les environs pour lui venir en aide. Violemment , je la plaque contre le mur.

Et tandis que je dîne, j’entends les pulsations de son cœur qui s’estompent lentement.