Le propylée des étoiles

Publié le par Silion Keila

Le propylée des étoiles

Avec vélocité, le soleil se lénifiait. Des rais ambrés exhalaient leurs derniers soupirs chatoyants derrière les collines noires. La neige indélébile inondait la prairie contraignant l’obscurité à faire machine arrière. Le crépuscule tentait toujours une percée ténébreuse dans cette clarté surnaturelle qui s’avérait vaine.

La route des calanques était abstruse même pour un guerrier émérite tel qu’Amarok. Pourtant, le risque de croiser un loup sur ce chemin était devenu presque inénarrable. Le froid avait chassé les animaux. Et la famine sévissait dans le village depuis l’amenuisement des réserves de pemmican.

La veille, Amarok s’était rendu chez le guérisseur du village le wichashawakan. Et agenouillés en tailleur autour de l’âtre écliptique, ils avaient échangé la chanupa. La pipe sacrée permettait au guérisseur de rentrer en contact avec les êtres des étoiles. Grâce aux prières vaporeuses s’élevant dans l’atmosphère, elle devenait une clé magique déclenchant l’ouverture du propylée. Les êtres des étoiles venaient régulièrement leur rendre visite. Jamais hostiles, ils veillaient sur eux.

Ce soir, posté au bord des calanques comme lui avait suggéré le wichashawakan. , Amarok espérait que leurs prières ne seraient pas inutiles. Emmitouflé dans son manteau cousu de peaux de bêtes, il scrutait le ciel.

Soudain, des voiles de lumières envahirent la voûte céleste. Huit sphères multicolores apparurent zigzaguant devant ses yeux éblouis. Promptement, les fugitives billes d’une finesse presque arachnéenne cessèrent leur ballet cosmique et formèrent une ouverture. De mystérieuses formes spectrales apparurent et atterrirent sur la terre opaline. C’était un immense troupeau de bisons.

Malgré le froid qui lui mordait le visage, Amarok sourit convaincu à présent que son peuple survivrait à l’hiver.

-2016 . Silion Keila .

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